Cours de chimie Organique - G. Dupuis - Lycée Faidherbe de Lille
Aldéhydes & Cétones
Généralités
Définitions
Les composés comportant dans leur molécule le groupe carbonyle -CO- sont appelés composés carbonylés. Il leur correspond deux fonctions :
Du fait de leur importance, les principales propriétés physiques, et chimiques des a-énones sont étudiées dans un chapitre particulier de la page consacrée aux système conjugués.
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Plusieurs méthodes de synthèses de cétones à grand cycle ont été mises au point. En voici deux :
Le camphre naturel est le (-)-(1S, 4S)-triméthyl-1,7,7-bicyclo [2, 2, 1] heptan-2-one. La molécule possède deux atomes de carbone asymétriques. Bien qu'on puisse prévoir un maximum de 4 stéréoisomères, certaines configurations sont géométriquement impossibles en raison de la rigidité du système bicyclique. Il existe seulement deux énantiomères.
La molécule de camphre naturel possède la structure ci-dessous :
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![]() Il est utilisé notamment dans la synthèse de la bakélite. |
![]() Un ancien procédé consistait à hydrater l'éthyne (acétylène). |
La propanone est préparée à partir du propène par le procédé Wacker. C'est aussi un sous-produit de la synthèse du phénol par le procédé Hock dont le bilan
revient à oxyder le cumène par l'oxygène de l'air. |
La cyclohexanone est préparée par oxydation du cyclohexanol. Elle est utilisée comme solvant. Son oxime permet la synthèse du caprolactame, matière première de la synthèse du Nylon 6. |
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hexanal |
3-méthylpentanal |
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hexanedial |
but-3-énal |
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cyclohexanecarbaldéhyde |
3-hydroxybenzaldéhyde |
Cétones
Comme dans le cas précédent, on distingue les séries cyclique et acyclique.
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pentan-2-one |
4-bromopentan-2-one |
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pentane-2, 4-dione |
3-acétyl-4-méthylhexane-2, 5-dione |
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cyclohexanone |
2-méthylcyclohexanone |
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méthylpropylcétone |
diphénylcétone |
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3-formylpropanenitrile |
acide 2-méthyl-4-oxopentanoïque |
Molécule |
HCHO |
CH3CHO |
CH3COCH3 |
p (D) |
2,27 |
2,73 |
2,84 |
Liaison |
C-C |
C-O |
C=C |
C=O |
D (kJ.mol-1) |
347 |
360 |
610 |
740 |
Températures de changement d'état
Composé |
TF (°C) |
TE (°C) |
d |
HCHO |
- 118 |
19 |
- |
CH3CHO |
- 123 |
21 |
0,79 |
CH3CH2CHO |
- 81 |
48 |
0,80 |
CH3COCH3 |
- 95 |
56 |
0,79 |
Structure électronique du groupe carbonyle
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Les expériences de diffraction montrent que les atomes de carbone, d'oxygène et d'hydrogène sont situés dans un même plan. La molécule présente deux plans de symétrie :
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Les orbitales atomiques impliquées peuvent être classées en deux catégories. Celles qui sont symétriques par réflexion par rapport au plan de la molécule et celles qui sont antisymétriques par réflexion par rapport à ce plan. La combinaison de ces orbitales conduit à un système de 6 orbitales moléculaires dont seulement trois sont représentées.
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Utilisation de la méthode de Hückel
La forme analytique des orbitales moléculaires p du groupe carbonyle peut être déterminée par la méthode de Hückel.
On utilise généralement les paramètres de Streitwieser pour exprimer les intégrales coulombiennes aC et
aO ainsi que l'intégrale d'échange bC-O.
Rappelons que : a < 0 et b < 0.
aC |
aO |
bC-O |
a |
a + b |
1,1 b |
Orbitale |
Energie |
OM p : Y1 = 0,85 pO - 0,53 pC |
E1 = a + 1,60 b |
OM p* : Y2 = - 0,53 pO + 0,85 pC |
E2 = a - 0,60 b |
Pour l'orbitale moléculaire p*, l'atome qui possède le coefficient le plus grand est l'atome de carbone. Un réactif nucléophile réagira donc de préférence sur cet atome.
Méthode de la mésomérie
Le groupe carbonyle est décrit par deux formes limites principales représentées ci dessous. Celle de gauche est la forme ylène.
Celle de droite présente une séparation des charges. L'atome d'oxygène,
plus électronégatif que l'atome de carbone, supporte la charge
négative. Cette forme est appelée forme ylure.
Spectroscopie infrarouge
C'est une méthode de choix pour l'étude des composés carbonylés. Le
nombre d'onde de la vibration de valence du groupe carbonyle dépend du
type de composé mais apparaît nettement sous la forme d'une bande
intense dans une région assez dégagée du spectre.
L'exemple ci-dessous concerne la 4-méthylpentan-2-one.
s (cm-1) |
2700 - 2900 |
1650 - 1730 |
vibration |
élongation C - H |
élongation C = O |
Composé |
Cyclohexanone |
Cyclopentanone |
Cyclobutanone |
s (cm-1) |
1685-1705 |
1740-1750 |
1780 |
Spectroscopie de RMN
L'effet inductif attracteur du groupe carbonyle diminue la densité électronique autour du noyau d'hydrogène.
Voici quelques valeurs de déplacement chimique :
Protons |
H3C-CO- |
-CH2-CO- |
H-CO- |
d (ppm) |
2 |
2,5 |
10 |
L'exemple suivant concerne la pentan-3-one.
Les protons aldéhydiques sont particulièrement déblindés du fait qu'ils sont liés au groupe carbonyle très électronégatif. Dans les exemples ci-dessous, on notera la présence d'un multiplet dans la région des 7,5 ppm qui correspond aux protons aromatiques.
Quand le cas se présente, le couplage d'un proton aldéhydique et des protons appartenant au reste de la chaîne carbonée intervient à travers le groupe carbonyle. Le spectre de l'éthanal comporte deux signaux :
Ultraviolet - visible
Les transitions utilisables avec les appareils courants sont celles qui impliquent les niveaux p, n et p*.
Composé |
lm (nm) |
log e |
Solvant |
CH3CHO |
193 |
- |
cyclohexane |
CH3COCH3 |
188 |
3,04 |
heptane |
Elle est interdite de symétrie ce qui explique une intensité relativement faible.
Composé |
lm (nm) |
log e |
Solvant |
CH3CHO |
290 |
1,23 |
cyclohexane |
CH3COCH3 |
279 |
1,17 |
heptane |
Lorsque le composé carbonylé est énolisé en assez forte proportion dans un solvant donné, on voit apparaître à côté de la bande d'absorption n ® p* du carbonyle, une bande due à une transition p ® p* impliquant la double liaison de l'énol dont la longueur d'onde du maximum d'absorption est plus faible. L'application de la loi de Beer-Lambert permet alors de connaître la proportion du carbonylé énolisé.
Composé |
I |
II |
lm (nm) |
290 |
230 |
Pourcentage |
75 |
25 |
La longueur d'onde du maximum d'absorption des transitions p ® p* et n ® p* est assez sensible à la polarité du solvant. Lorsqu'on passe d'un solvant apolaire (I) à un solvant polaire (II), on assiste aux phénomènes suivants :
Réactions d'additions ioniques sur le carbonyle
Généralités sur les additions ioniques
Activation électrophile
Lorsqu'on dissout de la benzophénone dans l'acide sulfurique concentré,
la solution obtenue a une couleur rouge. On interprète cette apparition
de la couleur par l'existence dans l'acide sulfurique d'une forme
protonée qui accroit les possibilités de délocalisation électronique.
L'association entre l'atome d'oxygène et M+, draine les électrons vers M+. L'ensemble
(COM+)
se comporte comme un groupe plus électronégatif que l'oxygène seul. Ce
groupe possède une énergie plus basse. Il en résulte un abaissement de
l'énergie de la BV et une augmentation du coefficient au niveau de l'atome de carbone de cette orbitale.
Le phénomène que nous venons de décrire, porte le nom d'assistance électrophile.
Aspect stéréochimique
Les deux faces d'un groupe carbonyle lié à deux substituants différents sont prochirales et ces faces sont nommées en utilisant la convention de Hanson. L'exemple ci-dessous
concerne la molécule d'éthanal.
La notion d'induction asymétrique, la règle de Cram ainsi que les modèles de Felkin et de Felkin-Anh sont sont examinés dans le chapitre consacré à la stéréochimie dynamique.
Géométrie de l'addition nucléophile
Avec les nucléophiles peu encombrés, la géométrie de l'addition est gouvernée par le recouvrement
des orbitales frontières des réactifs. Raisonnons dans le cas de l'addition d'un ion hydrure. Ce dernier
intervient par sa plus haute orbitale occupée (1 s). Le carbonyle intervient par la plus basse
orbitale moléculaire vacante. Le schéma ci-dessous résume la situation en l'absence (I) puis en présence
d'une activation électrophile (II).
Dans chacun des cas, l'angle d'attaque est supérieur à 90° de manière à minimiser le recouvrement défavorable
entre les lobes de signes contraires. Cet effet a été reconnu dans les années 70 par
H. B. Bürgi, J. D. Dunitz et J. M. Lehn [43]. Dans (I) cet angle est voisin de 105°.
Addition nucléophile des hydrures
Le tétrahydruroaluminate de lithium LiAlH4 est un composé ionique qui se présente sous la forme d'un solide blanc, stable dans l'air sec mais extrêmement réactif. Il a été préparé en 1947 par H. J. Schlesinger. On l'utilise dans l'éthoxyéthane ou le THF. Il est absolument incompatible avec l'eau qu'il réduit avec explosion à cause du dégagement d'hydrogène et du caractère très exothermique de la réaction. On peut le préparer par la réaction suivante :
LiAlH4 réduit de nombreuses doubles liaisons polarisées. Il est peu sélectif.
Le tétrahydruroborate de sodium NaBH4 est un agent réducteur beaucoup plus doux que LiAlH4. Il a été introduit en synthèse organique par H. C. Brown. On peut le préparer en faisant réagir l'hydrure de sodium et le diborane. |
NaBH4 est beaucoup moins réactif que LiAlH4. Il offre de ce fait, l'avantage d'une beaucoup plus grande sélectivité. On peut l'utiliser en milieu hydroalcoolique. Dans l'exemple suivant, le groupe nitro du substrat n'est pas altéré alors qu'il serait réduit en groupe amino avec LiAlH4.
De nombreux réactifs permettant le transfert d'hydrure ont été préparés ces dernières années. Le K-sélectride est un hydrure fortement encombré utilisé dans les réductions
diastéréosélectives.
A ces réactions on peut rattacher la réaction de Meerwein, Ponndorf et Verley dans laquelle l'isopropylate d'aluminium permet le transfert d'un ion hydrure vers un composé carbonylé.
Les réactions de réduction des carbonylés impliquant des organomagnésiens encombrés procèdent d'un mécanisme assez comparable.
Bilan et mécanisme
Le cation intervient dans l'activation électrophile
du groupe carbonyle. Une preuve de cette activation est fournie par le
fait expérimental suivant : lorsqu'on complexe le cation Li+ par un
cryptand de taille convenable on observe un ralentissement très net de la réaction.
Un état de transition plausible pour le transfert de l'ion hydrure vers le groupe carbonyle est représenté ci-dessous :
Addition sur des faces diastéréotopiques
Lorsque le groupe carbonyle est adjacent à un atome de carbone asymétrique, les faces prochirales du
carbonyle sont diastéréotopiques. L'influence exercée par cet atome de carbone sur la stéréochimie de
l'addition s'appelle induction asymétrique. Pour prévoir la stéréochimie de l'addition, plusieurs modèles de l'état de transition sont utilisés :
Stéréochimie en série cyclique
La réaction entre les hydrures métalliques et les cétones cycliques est diastéréosélective. La stéréochimie de
l'addition est gouvernée par des facteurs stéréoélectroniques. Avec les hydrures non encombrés comme NaBH4 ou LiAlH4,
le facteur électronique est prédominant et la réaction normale se
traduit par une approche axiale de l'ion hydrure, conduisant à l'alcool
possédant un groupe OH équatorial. Avec les hydrures encombrés,
l'attaque équatoriale peut devenir prédominante. L'alcool
diastéréoisomère est alors majoritaire.
Cet aspect est étudié dans le chapitre relatif à la stéréochimie dynamique.
Le cas des composés bicycliques est un plus délicat. Expérimentalement, on constate que les facteurs stériques sont prédominants et l'hydrure est transféré de façon préférentielle sur la face moins encombrée. L'exemple suivant concerne la réduction de la molécule de camphre qui donne un mélange dans lequel l'isobornéol (composé A1) pour lequel le groupe OH est situé sur la même face que le pont ( face exo) est largement majoritaire sur le bornéol (composé A2) pour lequel le groupe OH est situé sur la face opposée au pont (face endo).
Composé |
A1 |
A2 |
NaBH4 |
86 |
14 |
L'excès diastéréoisomérique vaut 72 %. Un mode opératoire pour cette réaction est donné à la référence [11] (01/67).
![]() Il est beaucoup plus encombré et par conséquent plus stéréosélectif que le borohydrure de sodium lorsque la réaction est contrôlée par des facteurs stériques. |
Résultats expérimentaux
Le produit d'addition de l'eau sur un composé carbonylé est un gem-diol.
Composé |
CH3COCH3 |
CH3CHO |
HCHO |
F3CCHO |
K |
1,4´10-3 |
1,06 |
2,3´103 |
2,9´104 |
Addition des organométalliques
Généralités
La réaction entre un composé organométallique et un aldéhyde ou une cétone est généralement conduite en deux étapes :
Les a-énones donnent des réactions intéressantes avec différents organométalliques, notamment les organocuprates. Leurs propriétés sont étudiées dans un chapitre particulier.
Cétones
La réaction entre un organomagnésien et une cétone conduit à un alcool tertiaire.
Le tableau ci-dessous résume les différents cas possibles.
Composé |
méthanal |
aldéhydes |
cétones |
Classe d'alcool |
primaire |
secondaire |
tertiaire |
Aspect stéréochimique
La stéréochimie de l'addition d'un organométallique sur les faces diastéréotopiques
d'un composé carbonylé peut être prévue en utilisant le modèle de Felkin-Anh sauf quand la présence d'un groupe jouant le rôle de base de Lewis sur le substrat entraîne un contrôle par chélation de l'addition.
L'excès diastéréoisomérique en faveur du composé I, vaut 92 %.
Introduction
Le chimiste allemand G. Wittig qui est décédé en 1987, a travaillé dans
de nombreux domaines de la chimie organique. Il est surtout connu dans
le grand public pour la découverte de la réaction qui porte son nom et
qui lui a valu le prix Nobel de chimie en 1979 [31] conjointement avec le chimiste américain H. C. Brown.
En 1950, G. Wittig, qui était déjà l'auteur de nombreux travaux en
chimie organométallique, cherchait à préparer des composés pentavalents
de l'azote. L'équation de la réaction qu'il voulait réaliser s'écrit :
L'histoire de la découverte des ylures de phosphore est racontée par Wittig dans la conférence qu'il a donnée en 1979 à l'occasion de la réception de son prix Nobel [68].
Préparation et propriétés des ylures de phosphore
Un ylure de phosphore ou phosphorane, peut être défini comme étant un
carbanion adjacent à un atome de phosphore. Dans le formalisme de la
mésomérie on peut décrire schématiquement la structure par deux formes
limites représentées ci-dessous. La forme de gauche est appelée ylure celle de droite ylène. Dans la forme ylène, l'atome de phosphore a étendu son octet grâce à la
participation des orbitales d. Autrement dit, dans ce formalisme, un ylure est traité comme un système conjugué siège d'une résonance pp-dp.
|
L'effet anomère correspond à l'interaction entre un doublet non liant n(C) porté par l'atome de carbone négatif de
l'ylure et l'orbitale antiliante s* de la liaison R-P. Au lieu d'occuper l'orbitale n(C) les électrons occupent
l'orbitale y telle que : Cette combinaison est liante entre P et C et antiliante entre R et P. On doit donc observer une longueur de liaison P-C diminuée et une liaison R-P allongée ; résultat conforme à l'expérience. A l'origine le terme anomère était utilisé dans la chimie des sucres pour distinguer des épimères particuliers (du grec ano, en tête, et meros, partie.) |
La première étape de la préparation d'un ylure est la synthèse d'un sel de phosphonium. On réalise une substitution nucléophile de type SN2 en utilisant un halogénure d'alkyle comme substrat. Le réactif le plus utilisé est la triphénylphosphine. Cette réaction ressemble à l'alkylation d'Hofmann des amines.
![]() |
Ylure |
non stabilisé |
semi-stabilisé |
stabilisé |
Formule |
|
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|
Nature des goupes |
-H, alkyle |
-OR, -X, phényle, vinyle |
-CO2Et, -SO2Ph, |
Préparation |
in situ |
in situ |
à part |
EWG (electron withdrawing group) désigne un groupe attracteur d'électrons.
Réaction avec les composés carbonylés
La vitesse de la réaction augmente avec le caractère électrophile du
composé carbonylé. Les aldéhydes réagissent plus vite que les cétones
et il est possible d'effectuer l'oléfination de la double liaison d'un
aldéhyde en présence d'un groupement oxo dans certaines conditions.
Les esters de l'acide méthanoïque
réagissent avec le plus simple des ylures pour conduire aux éthers
d'énols.
Les cétones ne réagissent que très difficilement avec les ylures
disubstitués. Les alcènes tétrasubstitués ne peuvent pas être préparés
valablement par cette méthode.
Mécanisme de la réaction de Wittig
Le
mécanisme de la réaction a fait l'objet de plusieurs hypothèses dès sa
découverte. L'existence d'un intermédiaire appelé oxaphosphacyclobutane
ou, plus communément, oxaphosphétane a été proposée par Wittig dans son article initial [44]. L'existence de cet intermédiaire a été démontrée par E. Vedejs en 1973 en utilisant la spectroscopie RMN du 31P à basse température [56]. L'expérience ainsi que les calculs théoriques militent en faveur d'une cycloaddition [2 + 2] [58].
Aspect stéréochimique
L'addition entre un aldéhyde ou une cétone dissymétrique avec un ylure
substitué pose un problème stéréochimique. A priori deux composés
éthyléniques diastéréo-isomères peuvent être obtenus.
Ces résultats peuvent être généralisés. En moyenne, on observe les pourcentages suivants selon la nature de l'ylure utilisé.
Ylure |
non stabilisé |
stabilisé |
Ethylénique |
> 90 % Z |
> 90 % E |
Réactions en l'absence de sel de lithium
En présence de sels de lithium, on constate que la sélectivité cis
diminue fortement. On interprète cette dérive stéréochimique par
l'intervention de l'équilibre d'isomérisation entre les oxaphosphétanes
cis et trans induite par les sels de lithium. Comme la
présence de lithium est une conséquence de l'utilisation de bases
lithiées, il faut prendre des précautions particulières pour conserver
le contrôle cinétique même en présence d'ylures non stabilisés. Les
réactions de Wittig en l'absence de sel de lithium sont conduites en
utilisant des bases comme NaH, le tertiobutylate de potassium (tBuOK)
ou le bis(triméthylsilyl)amidure de potassium (KHMDS). La réaction suivante fait
partie d'une synthèse d'un alcaloïde produit par une espèce de grenouille venimeuse [71].
Le rapport diastéréoisomérique vaut E : Z = 1 : 17.
Notons qu'une bétaïne lithiée a été mise en évidence par RMN à basse température, durant le déroulement d'une réaction de Wittig, dans un cas particulier, assez récemment [55].
L'image de gauche représente une bétaine phosphorée. Il s'agit d'un ion dipolaire ou zwitterion. ![]() Le nom de bétaïne vient de l'analogie structurale avec celle du dérivé triméthylé du glycocolle présent dans la betterave (beta vulgaris en latin). |
Applications de la réaction de Wittig
Avant la découverte de la réaction de Wittig, les principales voies
d'accès aux composés éthyléniques mettaient en jeu des réactions
d'élimination à partir des dérivés halogénés ou à partir des alcools.
L'élimination sur ces substrats obéit à un certain nombre de règles qui
orientent déterminent la régiosélectivité. Ainsi, une préparation du
méthylènecyclohexane à partir du cyclohexanol s'effectue a priori en
deux étapes :
Notons qu'une autre méthode de synthèse du méthylènecyclohexane met à profit l'élimination de Cope à partir d'un
oxyde d'amine.
La réaction de Wittig a été utilisée comme étape clé dans de nombreuses synthèses totales de phéromones telles que la frontaline ou le bombykol.
Dans la synthèse de Bestmann du bombykol, l'ester méthylique de l'acide undec-10-énoïque subit une ozonolyse en milieu réducteur.La réaction de Wittig est réalisable de façon intramoléculaire. Elle a ainsi permis de préparer les premiers composés bicycliques transgressant la règle de Bredt [59].
Il est possible de réaliser l'union de fragments de grandes dimensions ce qui explique sont utilisation fréquente dans les synthèses convergentes multiétapes. Le schéma ci-dessous représente les grandes lignes de la synthèse industrielle du rétinol (vitamine A1) mise au point par BASF.
Le b-carotène peut être préparé par une méthode analogue [49].
|
Terminons par une réaction qui permet d'illustrer l'utilisation d'un ylure stabilisé. On notera l'utilisation d'un milieu aqueux dans cette synthèse.
Modification de Schlosser de la réaction de Wittig
Il est possible d'obtenir une diastéréosélectivité élevée en éthylénique E,
même en partant d'ylures non stabilisés, en utilisant une procédure
particulière mise au point par Manfred Schlosser (Université de
Lausanne). Le succès de cette transformation repose sur l'utilisation
de 2 équivalents de phényllithium en présence de bromure de lithium
LiBr.
Le tableau suivant donne le pourcentage d'éthylénique E pour différents groupements R.
Groupe R |
-Ph |
-nC5H11 |
% éthylénique E |
97 |
99 |
Les principales étapes de la transformation sont résumées ci-dessous :
Référence [48].
Une application intéressante des b-oxydoylures, due à E. J. Corey, est leur utilisation dans une synthèse stéréosélective d'alcools allyliques à partir d'un aldéhyde.Réactions de Wittig-Horner et de Wadsworth-Emmons
|
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dialkylester de l'acide b-cétophosphonique |
dialkylester de l'acide b-(alkoxycarbonyle)-phosphonique |
Le premier composé peut être préparé par acylation d'un carbanion par un ester. Une autre méthode consiste à faire réagir un organolithien sur un N-méthoxy-N-méthylamide (amide de Weinreb).
on obtient très majoritairement le produit de stéréochimie E. Le mécanisme de la réaction n'est pas connu et l'origine de la stéréosélectivité est encore l'objet de controverses.
Les
ions hydroxyde véhiculés en phase organique y acquièrent une basicité
plus grande qui permet une déprotonation facile du
diéthylbenzylphosphonate. Un protocole est décrit à la référence [39]. Voici un autre exemple :
Oléfination de Peterson
Introduction
Les carbanions silylés peuvent être obtenus par métallation d'un silane par une base forte comme le butyllithium.
Ils sont stabilisés grâce aux orbitales d du silicium.
La rotation autour de la liaison C-C permet à la molécule d'adopter une conformation favorable à une cyclisation.
Préparation de b-hydroxysilanes de stéréochimie donnée
L'un
des inconvénients de l'addition de carbanions silylés sur un composé
carbonylé dans la réaction de Peterson est son manque de sélectivité
quant à la stéréochimie des b-hydroxysilanes obtenus. Des méthodes de contrôle de cette stéréosélectivité ont été
mises au point.
L'addition d'un carbanion a-silylé sur le butanal fournit un mélange de stéréoisomères du b-hydroxysilane ci-dessous.
De même avec l'autre énantiomère. Une élimination à partir de ces composés fournira :
Réaction de Corey-Chaykowsky
La réaction de Corey-Chaykowsky permet la préparation des époxydes à partir de composés carbonylés [41]. L'addition
entre le composé carbonylé et un ylure de sulfonium ou de sulfoxonium fournit dans un premier temps un intermédiaire B.
Cette transformation rappelle la réaction de Darzens de synthèse des esters glycidiques. Pour un exemple de réalisation expérimentale voir [34].
Conditions expérimentales
La réaction entre HCN et un composé carbonylé conduit à un a-hydroxynitrile qu'on appelle aussi une cyanhydrine. Le cyanure d'hydrogène HCN n'étant pas nucléophile,
on fait réagir le composé carbonylé avec un cyanure alcalin
puis on acidifie progressivement le milieu réactionnel. Il est intéressant de noter la valeur suivante pKa (HCN/CN-) = 9,1 pour le couple acide-base correspondant. Il faut naturellement
opérer avec prudence pour éviter le dégagement de HCN, gazeux à la température ordinaire, et qui est très toxique.
La réaction suivante concerne la synthèse du 2-hydroxy-2-phényléthanenitrile racémique plus connu sous le nom de mandélonitrile [23].
Synthèse de Kiliani-Fischer
Le grand chimiste allemand E. Fischer a mit à profit la réaction précédente pour préparer le D-glucose à partir du D-arabinose [16].
L'addition de HCN au D-arabinose (A) fournit deux a-hydroxynitriles diastéréo-isomères (I) et (II). Ces deux stéréoisomères
diffèrent seulement par la configuration de l'atome de carbone C2. Ce sont des épimères.
Cet hydroxynitrile est ensuite déshydraté et la fonction nitrile est hydratée en amide.
Son estérification par le méthanol fournit le méthacrylate de méthyle.
La polymérisation du méthacrylate de méthyle donne le polyméthacrylate de méthyle (PMM) qui constitue le plexiglas qu'on appelle aussi verre organique.
Synthèse de Strecker
Les a-aminonitriles peuvent être préparés en faisant réagir un aldéhyde ou une cétone avec NaCN en présence de NH4Cl. Cette réaction, appelée synthèse de Strecker, peut être considérée comme un cas particulier de réaction de Mannich.
Alcools
Hémiacétals Acétals
La réaction entre un hémiacétal et un alcool, catalysée par un acide fournit un acétal. Du fait de leur faible réactivité, et du caractère renversable de leur réaction de formation, les acétals sont utilisés comme groupe protecteur
des composés carbonylés ou des alcools. Les acétals sont stables en
milieu basique. En revanche ils redonnent facilement l'alcool et le
carbonylé parents par hydrolyse en milieu acide.
Les
acétals sont synthétisés de façon commode par réaction d'échange avec
le diméthylcétal du méthanoate de méthyle. Ce cétal d'ester est encore
appelé orthoester d'où son nom courant d'orthoformiate de méthyle.
La force motrice de cette réaction est la formation de l'ester, plus stable que la cétone du fait de la conjugaison du groupe carbonyle avec l'atome d'oxygène. On trouvera une préparation du diéthylcétal du propénal ou acroléine à la référence [27].
Certains acétals existent à l'état naturel. La frontaline est une phéromone d'agrégation de coléoptères appartenant à la famille des scolitidae. Parmi ces insectes, le scarabée Dendroctonus frontalis Zimmermann (Southern Pine Beetle) est l'insecte le plus destructeur de forêts de pins dans le sud des USA.
Thiols
L'éthanedithiol est un réactif utilisé pour la synthèse des dithiocétals. On peut le préparer au moyen de la réaction : |
Les thioacétals et les thiocétals peuvent être regardés comme les analogues soufrés des acétals et des cétals. Lorsque le but de la réaction est de préparer ces composés pour s'en servir d'intermédiaires, on peut traiter le composé carbonylé par l'éthanedithiol en présence d'un catalyseur du type acide de Lewis ZnCl2 ou le complexe éther-trifluorure de bore. Comme dans le cas de leurs homologues oxygénés, la formation d'un composé cyclique s'accompagne d'un effet entropique moins défavorable qu'avec un thiol ordinaire.
Les thioacétals et les thiocétals sont stables en milieu basique (une base très forte comme le nBuLi peut toutefois
déprotoner les thioacétals). Ils sont aussi raisonablement stables en milieu acide.
On les utilise comme groupement protecteur des aldéhydes et des
cétones. Pour débloquer le groupe carbonyle et régénérer les composés
parents, divers réactifs sont disponibles. On peut par exemple traiter
le thiocétal par un sel de mercure (II). La formation de HgS déplace la
réaction vers la droite.
Le dithiocétal cyclique obtenu peut être métallé à basse température par le butyllithium.
Ce dithiane lithié est un carbanion. La charge négative est stabilisée par la présence des atomes de soufre qui peuvent étendre leur octet grâce aux orbitales 3d vacantes.
Si l'on se réfère à l'aldéhyde de départ, on voit que la charge portée par l'atome de carbone a changé de signe.
On dit qu'il y a eu inversion de polarité de la molécule de départ.
On parle aussi de charge affinity inversion selon la terminologie de D. A. Evans et G. C. Andrews ou encore d'umpolung selon celle de D. Seebach, l'un des promoteurs de la méthode [40].
Ce carbanion est facilement alkylé au moyen d'un dérivé halogéné :
Il ne reste plus qu'à régénérer le groupe carbonyle en utilisant la méthode vue plus haut.
Réactif de Schiff
Test
Ugo Schiff est un chimiste d'origine allemande qui a effectué une
grande partie de sa carrière en Italie, plus précisément à Florence
puis à Turin [64].
Le réactif de Schiff permet de caractériser les aldéhydes. Il est basé
sur la formation d'un produit d'addition coloré entre le réactif et le
composé carbonylé. La facilité avec laquelle se forme l'adduit dépend
de l'encombrement de l'atome de carbone fonctionnel. C'est la raison
pour laquelle le test est positif avec les aldéhydes et négatif avec la
plupart des cétones sauf la propanone.
|
|
I chlorhydrate de p-rosaniline |
II réactif de Schiff |
|
|
III (incolore) |
IV (coloré) |
Amines
Imines
Les imines peuvent être regardées comme les analogues azotés des composés carbonylés. Leur préparation
peut être réalisée par condensation entre un aldéhyde ou une cétone et une amine primaire. La réduction des imines constitue une méthode d'alkylation douce des amines
primaires.
La réaction entre le carbone nucléophile d'un énol d'aldéhyde ou de cétone et un ion immonium formé in situ, s'appelle réaction de Mannich. Cette réaction est précieuse dans la synthèse des alcaloïdes
possédant le squelette du tropane. Elle a été mise à profit dans la synthèse de la tropanone par R. Robinson.
Enamines
Les énamines peuvent être considérées comme les analogues azotés des énols et des préparation des énamines tertiaires s'effectue en faisant réagir un composé
carbonylé énolisable avec une amine secondaire.
Les énamines sont des intermédiaires très utilisés en synthèse organique. Leur acylation est une méthode de préparation des dérivés dicarbonylés 1,3.
L'une des applications les plus intéressantes des énamines en synthèse concerne l'alkylation régiosélective des cétones mise au point par G. Stork.
Dérivés azotés caractéristiques
Z |
Réactif |
Produit |
Remarques |
H |
ammoniac |
imine non substituée |
produit non isolable |
R |
amine |
imine substituée |
produit isolable |
NH2 |
hydrazine |
hydrazone |
produit solide |
NHPh |
phénylhydrazine |
phénylhydrazone |
produit solide |
OH |
hydroxylamine |
oxime |
produit solide |
NH-CO-NH2 |
semi-carbazide |
semi-carbazone |
produit solide |
Lorsque Z est un groupe alkyle, le composé obtenu est une imine substituée. Dans ce cas l'équilibre est plutôt en faveur des réactifs. La situation est différente quand la conjugaison entre la double liaison et un doublet non liant porté par Z permet une stabilisation du produit formé.
C'est le cas pour les oximes, les hydrazones et leurs dérivés. Notons que les composés substitués présentent l'isomérie Z, E.
Hydrazones
L'hydrazine réagit avec les composés carbonylés pour donner des hydrazones.
La dinitro-2,4-phénylhydrazine (2,4-DNPH) est obtenue par substitution nucléophile aromatique de l'hydrazine sur le 1-chloro-2,4-dinitrobenzène. Elle réagit encore plus facilement que la phénylhydrazine.
|
Quelques gouttes du composé carbonylé sont ajoutés à une solution de 2,4-DNPH dans l'acide sulfurique. Cette manière de procéder permet d'éviter la dissolution de la 2,4-dinitrophénylhydrazone formée dans un excès de composé carbonylé. La couleur du précipité dépend de la nature du composé carbonylé de départ :
|
L'alkylation diastéréosélective d'hydrazones de composés carbonylés est à la base d'une méthode de synthèse diastéréosélective due à D. Enders.
Réactions d'oxydo-réduction
Réduction en alcool
Composé carbonylé |
méthanal |
éthanal |
cétones |
Classe d'alcool |
primaire |
secondaire |
tertiaire |
Liaison |
DrH0 (kJ.mol-1) |
T (°C) |
P (bar) |
C=C |
- 50 |
25 |
1 |
C=O |
- 125 |
80-200 |
5-30 |
Le composé de stéréochimie trans I est majoritaire.
Le mécanisme fait intervenir des étapes de transfert monoélectronique et la formation d'anions-radicaux.
Avec les cétones aromatiques, le radical radical cétyle possède une durée de vie assez grande dans un solvant aprotique comme le THF, pour pouvoir être observé. Ainsi lorsqu'on ajoute du sodium dans une solution de benzophénone dans le THF on obtient une solution possédant une couleur bleue intense.
Cette réaction est mise à profit dans le séchage des éthers.
Réduction de Meerwein-Ponndorf-Verley
La réduction de Meerwein-Ponndorf-Verley constitue une méthode de
réduction douce des composés carbonylés. Elle procède d'un transfert
d'hydrure d'un alkoxyde primaire ou secondaire. On utilise le plus
souvent l'isopropylate d'aluminium qui est commercial. L'atome
d'aluminium est un acide de Lewis qui permet la formation d'un complexe
avec l'atome d'oxygène du carbonylé ce qui favorise la formation d'un
état de transition à 6 centres de type Zimmerman-Traxler [70].
Utilisation d'hydrures complexes
Les réactions correspondantes ont été examinées dans la partie consacrée aux additions nucléophiles
des ions hydrures.
Réduction par l'alpine borane
L'alpine borane
(réactif de Midland) ou le chloroborane de Brown sont des réactifs
appartenant à la famille des hydrures de bore neutres (tout comme BH3 ou le DIBAL pour les hydrures d'aluminium). Ils permettent des réductions énantiosélectives de composés carbonylés. Ces réactions sont abordées dans le chapitre consacré à la stéréochimie dynamique.
Réduction duplicative
Couplage pinacolique
Lorsque les conditions sont réunies pour que les radicaux aient une durée de vie suffisante,
on peut observer un couplage. Après hydrolyse, on obtient un diol. Le magnésium est efficace dans ce genre
de réaction car il permet le rapprochement de deux molécules dans l'état de transition.
Couplage de Mc Murry
On observe des réactions de couplage du même type en utilisant un
halogénure de titane et un métal. Dans la réaction de Mc Murry, on
utilise du trichlorure de titane réduit par le couple Zn/Cu (titane
basse valence). Elle permet la fermeture de cycles suffisamment grands [42].
Elle a été mise à profit dans plusieurs
synthèses récentes de composés complexes. L'exemple suivant concerne une étape de la synthèse du taxol par K. C. Nicolaou.
Pour un exemple de réalisation expérimentale voir [28].
Un autre exemple concerne le couplage de deux molécules d'adamentanone conduisant à l'adamentylidèneadamentane [76].
Réduction du carbonyle en méthylène
Désulfuration des thiocétals
Une réaction extrêmement utile pour réduire le groupe carbonyle en méthylène fait intervenir un thiocétal comme intermédiaire. Ce dernier est préparé
en traitant le composé carbonylé par l'éthanedithiol en présence d'un acide de Lewis.
Voici deux exemples d'application de cette réduction.
Réduction de Wolff-Kishner
La réaction de Wolff-Kishner constitue une alternative intéressante à la réaction précédente pour les
molécules instables en milieu acide. Dans un premier temps on commence par faire réagir le composé carbonylé avec
l'hydrazine. L'hydrazone
ainsi formée subit une réaction d'élimination de diazote par traitement
basique.
La modification de Minlon consiste à utiliser le diéthylène-glycol
(DEG) comme solvant. Sa température d'ébullition est élevée (200 °C)
car il se forme des liaisons hydrogène intermoléculaires. La réaction
s'écrit :
Ce mode de réduction présente l'inconvénient de devoir travailler à une température élevée qui est peu compatible avec des structures fragiles. L'utilisation de tBuOK, dont la basicité est exaltée par un solvant dipolaire aprotique comme le DMSO, permet de réaliser la réaction d'élimination dans des conditions moins énergiques sur le plan thermique.
Voir un exemple de protocole à la référence [29].
Oxydation
Aldéhydes
Les aldéhydes sont des composés très réducteurs. Ils
peuvent être oxydés par des oxydants doux. Les réactions suivantes
utilisent des complexes d'ions métalliques en milieu basique. Elles
sont surtout utilisées comme test analytique dans la chimie des sucres.
Cétones
Les réactions d'oxydation des cétones cycliques permettent une ouverture du cycle. Elle
passent par l'intermédiaire de l'énol. L'exemple suivant concerne l'ouverture de la
cyclohexanone qui conduit à l'acide hexane-1,6-dioïque.
L'acide hexane-1,6-dioïque encore appelé adipique, sert dans la synthèse du nylon-6,6.
Oxydation de Baeyer-Villiger
En présence d'acide métachloroperoxybenzoïque (m-CPBA) ou d'un mélange d'eau oxygénée et d'acide éthanoïque, la butan-2-one conduit à l'éthanoate d'éthyle.
t-alkyle > s-alkyle > phényle > n-alkyle > CH3
Du point de vue stéréochimique, lorsque le problème se pose, l'insertion de l'atome d'oxygène s'effectue avec une rétention complète de la configuration. C'est la raison pour laquelle la réaction de Baeyer-Villiger a souvent été utilisée comme étape clé dans la synthèse de molécules complexes ; en série bicyclique notamment. La réaction suivante est une étape de la synthèse de la prostaglandine PGF2a par E. J. Corey en 1970.
En présence d'un catalyseur chiral, la réaction peut être rendue énantiosélective. Elle permet le dédoublement cinétique dynamique d'un mélange racémique de cétones énantiomères.
Réactions au voisinage du carbonyle
Résultats expérimentaux
Réalisées à partir du même composé carbonylé comme substrat, on constate expérimentalement
que les réactions suivantes s'effectuent à la même vitesse.
L'étape d'énolisation, commune aux réactions précédentes constitue l'étape cinétiquement déterminante ce qui explique les résultats expérimentaux précédents. L'énolisation est une manifestation de la mobilité de l'atome d'hydrogène porté par l'atome de carbone en a du groupe carbonyle. Le taux d'énolisation dépend du composé carbonylé et du solvant. Il est très faible pour les aldéhydes et les cétones simples mais la présence de l'énol à côté du composé carbonylé parent joue souvent un rôle essentiel dans de nombreuses réactions.
Plusieurs méthodes parmi lesquelles la spectroscopie dans l'uv - visible et la RMN permettent de déterminer
le pourcentage d'énol présent à l'équilibre. Le spectre ci-dessous est celui de la pentan-2,4-dione.
On note la présence de deux familles de pics :
Enolisation acido-catalysée
En milieu acide, le carbonyle est protoné. L'étape cinétiquement déterminante est la formation
de l'énol.
Enolisation baso-catalysée
Les composés carbonylés énolisables sont des acides
et l'énolisation peut être catalysée par une base. L'atome d'hydrogène
porté par l'atome de carbone en a du carbonyle peut être arraché
par une base. On obtient un ion énolate.
La préparation et la structure des énolates sont étudiées ci-dessous.
Taux d'énolisation
Le tableau ci-dessous regroupe quelques valeurs
expérimentales. Certaines particularités structurales peuvent expliquer
un pourcentage d'énol élevé.
Composé carbonylé |
% d'énol à l'équilibre |
éthanal |
10-4 |
propanone |
10-6 |
pentane-2,4-dione |
76 |
cyclohexane-1,2-dione |
100 |
cyclohex-2,4-diène-1-one |
100 |
Orbitales frontières
Chaque atome de carbone apporte un électron tandis que l'atome d'oxygène en fournit deux.
aC |
aO |
bC-O |
a |
a + 2,1 b |
0,66 b |
Orbitale |
Energie |
Y3 = - 0,67 j1 + 0,72 j2 - 0,15 j3 |
E3 = a - 1,07 b |
Y2 = 0,72 j1 + 0,61 j2 - 0,32 j3 |
E2 = a + 0,84 b |
Y1 = 0,14 j1 + 0,33 j2 + 0,93 j3 |
E1 = a + 2,32 b |
Préparation
La catalyse baso-catalysée de l'énolisation met en
jeu un ion énolate. Mais la quantité d'énolate étant très faible, une
base comme la soude aqueuse peut convenir dans beaucoup de cas. La
situation est différente si l'on veut synthétiser un énolate à des fins
préparatives dans le but, par exemple, de l'alkyler. La réaction doit
cette fois être quantitative. Le tableau suivant regroupe quelques
valeurs numériques pour les pK des couples carbonylé/énolate. On notera
un accroissement très important (20 unités de pK) quand on passe du
méthylpropène à la propanone. La mobilité de l'atome d'hydrogène en a du carbonyle s'interprète par l'effet attracteur de ce dernier. L'état final est stabilisé du fait de la
conjugaison plus ou moins élevée dans l'énolate.
Composé |
pK (couple) |
2-méthylpropène |
45 |
propanone |
25 |
acétophénone |
16 |
pentane-2, 4-dione |
9 |
Une dicétone comme la pentane-2,4-dione dont l'énolate est fortement stabilisé par résonance, est aisément déprotonée par la soude aqueuse mais ce cas est relativement exceptionnel. La propanone peut être déprotonée de façon quantitative par des bases plus fortes en milieu non aqueux. Le diisopropylamidure de lithium (LDA), les hydrures de sodium ou de potassium, sont couramment utilisés. On n'utilise pas de base comme le butyllithium car il y a une addition nucléophile concurrente sur le groupe carbonyle.
Les atomes d'hydrogène en a d'autres fonctions sont susceptibles d'être arrachés par des bases. On obtient ainsi des ions énolate ou apparentés à partir des fonctions suivantes :
La chimie des énolates a une grande importance en synthèse car elle permet la création de nouvelles liaisons carbone-carbone.
Orbitales frontières
Formellement, un ion énolate ressemble beaucoup à un système allylique. Chaque atome de carbone apporte un électron tandis que l'atome d'oxygène en fournit deux.
aC |
aO |
bC-O |
a |
a + 0,97 b |
1,06 b |
Orbitale |
Energie |
Y3 = - 0,58 j1 + 0,74 j2 - 0,35 j3 |
E3 = a - 1,28 b |
Y2 = - 0,75 j1 - 0,30 j2 + 0,60 j3 |
E2 = a + 0,41 b |
Y1 = 0,33 j1 + 0,60 j2 + 0,73 j3 |
E1 = a + 1,84 b |
Les
atomes de carbone contribuent chacun pour un électron tandis que
l'oxygène en apporte deux. Il y a au total 4 électrons. La plus haute
orbitale occupée est donc Y2, tandis que la plus basse vacante est
Y3.
La charge électronique qm de l'atome m, est définie (en unités électroniques) par :
Q1 |
Q2 |
Q3 |
-0,33 |
0,09 |
-0,76 |
Enolate cinétique, énolate thermodynamique
La formation d'un énolate à partir d'une cétone dissymétrique au moyen d'un couple base B / solvant S pose un problème
de régiosélectivité. On obtient a priori deux énolates :
Enolate |
I |
II |
LDA/DME |
1 |
99 |
Et3N/DMF |
78 |
22 |
La déprotonation cinétiquement contrôlée est favorisée par une base très forte comme le diisopropylamidure de lithium (LDA), un solvant dipolaire aprotique, et l'absence de cétone en excès dans le milieu réactionnel. La présence d'un solvant protique ou d'un excès de cétone favorisent la formation de l'énolate le plus stable par échange de protons. Il faut ajouter à cela qu'une température très basse ralentit la mise en équilibre entre les énolates.
Le clivage de l'éther de triméthylsilyle par substitution nucléophile sur le silicium au moyen de méthyllithium permet de régénérer l'énol in situ. Cette réaction est possible grâce à l'énergie exceptionnellement grande de la liaison Si-F (582 kJ.mol-1). Les éthers d'énols silylés sont utilisés dans la bromation et l'alkylation régiosélectives des composés carbonylés.O et C alkylation
Les énolates possèdent deux points d'attaque : au niveau de l'atome de carbone et au niveau de l'atome
d'oxygène. Ce sont des nucléophiles ambidents (du latin ambotous : les deux et de dens : la dent). Le pourcentage C-alkylation / O-alkylation dépend de plusieurs facteurs.
Produit |
I |
II |
HMPT |
83 |
15 |
tBuOH |
0 |
94 |
Alkylation des énolates
L'alkylation directe des aldéhydes nécessite des précautions particulières en raison de la réaction concurrente de condensation aldolique. L'alkylation des cétones
est de loin la plus pratiquée.
Puisque les dicétones sont facilement déprotonées leur alkylation est
facile avec un agent alkylant suffisamment réactif. La dialkylation
peut être une réaction secondaire génante.
Condensation aldol
Aldolisation
L'aldolisation est une réaction d'addition entre deux
aldéhydes. Elle conduit à un équilibre favorable au produit. Celui-ci
s'appelle un aldol, nom formé par la contraction de aldéhyde et
alcool. La réaction est renversable. La réaction inverse qui correspond
à la coupure d'un aldol s'appelle rétroaldolisation. A température assez basse, un aldol peut
être isolé. Il s'agit donc d'une réaction importante puisqu'elle permet
la création d'une nouvelle liaison carbone-carbone.
Mécanisme
L'aldolisation peut être catalysée en milieu basique ou en milieu acide :
Crotonisation
Les aldols subsissent assez facilement une réaction de déshydratation appelée crotonisation. C'est une voie d'accès aux a-énones
qui constituent des substrats très utilisés en synthèse. La réaction
peut avoir lieu en milieu acide ou en milieu basique. La force motrice
est la formation d'un carbonylé conjugué avec une double liaison
éthylénique.
La déshydratation de l'aldol peut intervenir sans qu'on puisse isoler l'aldol intermédiaire. C'est le cas si la réaction intramoléculaire conduit à un cycle à 5 ou 6 chaînons.
Cétolisation
La réaction de cétolisation est une réaction d'addition
entre deux cétones. Elle conduit à un équilibre très défavorable au
produit appelé cétol. On peut préparer
un cétol en utilisant un extracteur de Soxhlet.
Le produit est extrait au fur et à mesure de sa formation au moyen d'un
système de vidange, ce qui évite sa décomposition, tandis que le
réactif, plus volatil (masse molaire plus faible et pas d'association
par liaison hydrogène), est recyclé par chauffage à reflux au fur et à
mesure que la réaction progresse. Beaucoup d'auteurs, notamment les
anglosaxons, utilisent le terme aldolisation dans un sens générique qui
englobe aldolisation au sens strict et cétolisation.
Puisque la cétolisation est défavorable, la réaction de rétrocétolisation est au contraire favorisée. La réaction suivante, qui est une étape de la synthèse du longifolène par W. Oppolzer, en constitue un exemple.
Puisqu'il s'agit de la réaction inverse de celle de cétolisation, l'équilibre est cette fois en faveur du produit.
|
|
L'ozonolyse de la double liaison permet de former deux fonctions cétones à partir de la double liaison éthylénique de départ.
La cétolisation suivie d'une élimination d'eau permet la cyclisation.
Aldolisation croisée
L'aldolisation croisée met en jeu un aldéhyde et une cétone. Elle conduit à un bilan simple
lorsque l'un des composés n'est pas énolisable car il n'y a pas d'ambiguité sur le produit final.
La réaction de Claisen-Schmidt constitue un cas particulier d'aldolisation croisée entre une cétone et un aldéhyde aromatique. La déshydratation de l'aldol intervient spontanément du fait de la grande stabilité du produit final fortement conjugué. L'exemple suivant concerne la préparation du 1,5-diphénylpenta-1,4-dién-3-one ou dibenzilidène acétone. L'élimination fournit la liaison éthylénique la plus stable de stéréochimie E. Une réaction analogue peut être facilement réalisée en remplaçant le benzaldéhyde par la vanilline.
La méthode générale de contrôle de la nature des produits dans la condensation aldol consiste à préformer l'énolate qui doit réagir.
Diastéréosélectivité dans la réaction aldol
La condensation aldol constitue une méthode
extrêmement importante pour créer de nouvelles liaisons
carbone-carbone. Comme il existe deux configurations pour l'énolate et
que le composé carbonylé comporte deux faces, cela conduit dans le cas
général à la formation de deux centres chiraux.
|
|
|
|
syn |
syn |
anti |
anti |
Du point de vue synthétique, la stéréosélectivité de cette réaction pose un double problème :
Modèle d'état de transition de Zimmerman-Traxler
Ces résultats peuvent être rationnalisés en utilisant le modèle d'état de transition de Zimmerman-Traxler [70]. Dans ce modèle d'état de transition "fortement lié", les atomes adoptent une conformation chaise.
Deux exemples sont représentés ci-dessous avec : R1 = CH3, R2 = CH3 et M+ = Li+. L'état de transition (II) est défavorisé par rapport à (I) du fait de l'interaction entre R1 et R2 situés en position axiale.
Etat de transition (I) favorisé : pas d'interaction diaxiales entre les groupes les groupes R1 et R2 |
Etat de transition (II) défavorisé : interactions diaxiales entre les groupes les groupes R1 et R2. |
Comme l'arrangement des atomes dans I est chiral, il faut de plus tenir compte de la formation de deux états de transition énantiomères équiprobables.
Une analyse en tout point comparable à la précédente peut être faite lorsque l'énolate possède une configuration E.
Deux exemples sont représentés ci-dessous avec : R1 = CH3, R2 = CH3 et M+ = Li+.
Etat de transition (I) favorisé : pas d'interaction diaxiales entre les groupes R1 et R2 |
Etat de transition (II) défavorisé : interactions diaxiales entre les groupes R1 et R2 |
Ces états de transition fournissent les aldols de la paire anti.
On notera que dans ces réactions, il n'y a aucun contrôle de la configuration absolue puisque les formations d'états de transition énantiomères sont équiprobables. On obtient donc un mélange racémique d'aldols énantiomères.
Obtention d'énolates Z et E
Base |
Enolate Z |
Enolate E |
LHMDS |
66 |
34 |
LDA |
33 |
77 |
LTMP |
14 |
86 |
Les valeurs de ce tableau montrent que :
Pour une base donnée, on peut aussi s'intéresser à la conséquence d'une augmentation de l'encombrement des substituants du substrat. Avec le LDA à -78 °C (THF), on obtient les résultats suivants avec différents groupements R1.
R1 |
Enolate Z |
Enolate E |
-OtBu |
5 |
95 |
-Et |
23 |
77 |
-CH(CH3)2 |
60 |
40 |
-C(CH3)3 |
100 |
0 |
Ces résultats peuvent être rationalisés en utilisant le modèle d'Ireland [73].
Les résultats précédents sont valables dans le THF. L'utilisation d'un cosolvant fortement donneur comme le HMPA peut modifier complètement la sélectivité. Dans ce cas, le modèle de l'état de transition fortement lié n'est plus valable. Les résultats sont plus difficiles à rationaliser.
Base |
Enolate Z |
Enolate E |
LTMP |
14 |
86 |
LTMP (HMPA) |
92 |
8 |
Les énolates de bore peuvent en général être obtenus avec d'excellentes diastéréosélectivités [67].
Halogénation
Résultats expérimentaux
La réaction entre une cétone et le dibrome dans l'acide acétique conduit à une cétone a bromée.
Dans ce milieu acide, la réaction peut être arrêtée au stade de la monobromation.
Notons que les composés carbonylés a-halogénés, peuvent être de très bons substrats pour les réactions de substitution nucléophile SN2.
Mécanisme en milieu acide
L'étape cinétiquement déterminante est la formation de l'énol.
Mécanisme en milieu basique
L'étape cinétiquement déterminante est la
formation de l'énolate. L'énolate le plus stable est le plus vite
formé. C'est le carbanion le moins substitué.
Réaction haloforme
Il s'agit d'un cas particulier d'halogénation en milieu basique des composés carbonylés a-méthylés. On peut utiliser Cl2, Br2, I2. Raisonnons avec I2.
Comme on l'a vu plus haut, en milieu basique, tous les atomes d'hydrogène sont substitués et on obtient le dérivé triiodé.
La réaction peut aussi servir de test des carbonylés a-méthylés. Dans ce cas, I2 qui est solide à la température ambiante, est le plus pratique.
|
|
Transposition de Favorskii
Lorsqu'on traite une a-halogénocétone
par une base forte, on observe un réarrangement du squelette carboné.
Si la base utilisée est un ion alcanolate, le produit final est un
ester. Cette réaction est appelée transposition de Favorskii du nom du
chimiste russe qui découvrit cette réaction au début du vingtième
siècle.
La transposition de Favorskii a été utilisée avec profit dans la préparation de composés possédant des cycles contraints ou délicats à former comme ceux du cubane.
La transposition des a, a'-dibromocétones suivie d'une oxydation puis d'une décarboxylation, est connue sous le nom de réaction de Wallach. Elle permet de passer d'une cycloalcanone à une autre dont le cycle comporte un atome de carbone de moins. Il s'agit donc d'une réaction de rétrohomologation des cétones cycliques.
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Texte, dessins, photographies : Gérard Dupuis - Lycée Faidherbe de LILLE
juin 2005